vendredi 15 octobre 2021

Z


 

Réaction à un billet de M. Tandonnet :

 

Zemmour agite la sphère médiatique, mais le Français reste placide devant son écran. À vrai dire, Zemmour est moins « clivant » au sein de la population que de Gaulle ne l’était* dans une France plus engagée politiquement, plus « idéologisée », et où il attisait les passions.

Le discours que Zemmour développe (au lieu de débiter des éléments de langage communicationnels) aurait pu être tenu par bien des politiques d’un temps révolu, comme il se plaît à le rappeler lui-même (évoquant Georges Marchais, le R.P.R. d’il y a 30 ans, etc.).
Zemmour peut rassembler une majorité de Français, pourvu qu’on le laisse exposer ses idées (car on écoute Zemmour, mais on le critique encore plus, on le calomnie encore davantage, et c’est surtout une vision déformée, dénaturée de ses propos qui est donnée en pâture aux futurs électeurs).

Zemmour rassemble. Si l’on en croit les médias, l’extrême droite réunirait plus d’un tiers des électeurs (Zemmour+MLP+NDA). Vous y croyez ? Les Français non plus.

 

* Je suis en train de lire le De Gaulle de Julian T. Jackson et il est frappant de voir à quel point le général a été, de 1940 à sa mort, suspecté de fascisme par des politiques de gauche (toutes nuances confondues, c’est-à-dire y compris des gens du centre gauche de l’époque).

 

Addendum :

Je n’assimilais pas Zemmour à de Gaulle (loin de moi cette idée), mais je disais que ce dernier n’apparaissait pas moins clivant lors de son passage au pouvoir. « clivant » ne veut pas dire qu’on scinde l’opinion en deux parts (in)égales ou qu’on dresse la majorité de la population contre soi. C’est justement parce que de Gaulle est apparu en 1940 comme le chef de la France libre qu’il a pu ensuite être haï autant qu’il fut adoré. (Par ailleurs, il s’est trouvé des personnalités politiques importantes pour le soupçonner de fascisme tout au long de sa carrière d’homme public, de 1940 à sa mort.) Il faut se rappeler la violence du sentiment anti-gaulliste dans une partie de la population. 

Il ne me semble pas que Zemmour suscite des sentiments aussi profonds, aussi viscéraux. Il agite la sphère médiatique, certes, mais beaucoup de Français acquiescent placidement à ses idées (ou les rejettent) sans l’adorer ni le haïr avec autant d’ardeur que de Gaulle en son temps. L’animosité qu’il est censé susciter est grossie, déformée à plaisir par les médias, et en partie artificiellement provoquée. Force est de reconnaître que Zemmour rassemble assez largement. (On ne peut pas rassembler sans cliver.) Il est loin, naturellement, de susciter la ferveur que suscitait de Gaulle (mais l’hostilité qu’il éveille est également modérée), simplement, beaucoup de gens, de tous horizons, adhèrent assez complètement à ses idées. Quelles sont les idées d’un Michel Barnier ?

Je n’observe pas chez Zemmour le goût de la provocation que possédait ce trublion inconséquent de Jean-Marie Le Pen. La fortune politique d’Éric Zemmour dépendra en partie de sa médiatisation : lui laissera-t-on assez d’espace pour développer son discours ou en rapportera-t-on surtout une version partiale et partielle ?

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