Quelques
semaines avant le premier tour de cette élection capitale pour le pays,
puisqu'elle avait pour but de choisir le chef de l'État, j'ai eu la présence
d'esprit d'appeler la mairie de mon ancienne commune de résidence pour vérifier
si, contrairement à ce que je croyais, j'étais toujours inscrit sur les listes
électorales. La réponse positive que je reçus me procura une grande joie.
J'allais pouvoir participer à ce grand rendez-vous démocratique, j'allais être
partie prenante. Immédiatement je me suis mis en devoir de trouver un
mandataire. Comme je ne connaissais personne de confiance qui soit inscrit dans
la même commune (aussi étonnant que cela puisse paraître), je me suis adressé
au parti du candidat qui avait mes faveurs, qui s'est fait un plaisir de me
fournir les coordonnées d'une militante qui serait ma mandataire. Quelques mots échangés au téléphone − un rapport de complicité s'était établi entre nous du fait de notre choix
commun, et je sautais dans un train dans le but exprès de me rendre au consulat
général de France à Bruxelles faire valider ma procuration.
Voilà jusqu'où
j'ai poussé le zèle civique.
Le jour
du premier tour, ma mandataire m'a envoyé un mail en début d'après-midi pour
m'informer qu'elle s'était acquittée de sa mission. Je lui ai répondu que dans
l'hypothèse invraisemblable où [notre candidat] atteindrait le second tour, je
lui renouvellerais ma procuration.
Les
résultats sont tombés, et on s'est retrouvé avec le duo infernal qui nous était
promis depuis le début. La semaine suivante, après quelques débats intérieurs
(la délibération a été très brève), j'ai appelé le consulat général de France
pour demander jusqu'à quand je pouvais établir ma procuration sans courir le
risque qu'elle ne soit pas traitée. Il ne me restait que le lendemain vendredi.
Si je me déplaçais le mardi suivant, mon interlocuteur ne répondait de rien.
Sans tergiverser je me suis emparé de mon téléphone et j'ai composé le numéro
de la section locale du Front National. (...)
Lâchement, j'ai laissé passer le
vendredi. L'annonce du ralliement de Dupont-Aignan se faisait attendre.
Et puis le
soutien de Marie-France Garaud* m'a confirmé dans mon choix. Je n'étais pas
tellement ébranlé par la rhétorique anti-fasciste qui se déployait.
Finalement,
dans ma douche le mardi matin, j'ai décidé que me rendre à Bruxelles exprès (sans
être sûr que ma demande aboutisse) constituait une démarche militante qui ne
correspondait pas à mon état d'esprit.
* Il y a
des années, étudiant en échange dans une université étrangère je m'étais
inscrit dans un cours d'introduction aux sciences politiques. L'examen final
consistait à écrire trois billets de blog sur des sujets politiques et j'en avais
consacré un à Marie-France Garaud.
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