Voici un commentaire
que je viens de soumettre à l'imprimatur de l'abbé de Tanoüarn sur son
blogue, concernant les spéculations fumeuses de R. Enthoven,
suscitées par la nouvelle traduction du « Notre Père » :
Que pensez-vous de l'expression « ne nous
induis pas en tentation », qui n'a pas emporté les faveurs du comité de
révision ? Le seul prétexte allégué est que « le sens du verbe "induire" n’est plus suffisamment "courant" pour être d’un usage clair ».
Mais ce motif me semble bien léger... La
langue employée dans l'exercice du culte doit être différente de l'usage qui en
est fait dans les circonstances plus triviales de la vie courante.
D'ailleurs, à l'usage, répétée par des
millions de bouches francophones, cette expression deviendrait courante,
justement. (Je me cite.)
Et contrairement à « entrer en tentation »,
l'expression « induire en tentation » n'est pas une innovation langagière. Elle
est dûment consignée dans les dictionnaires, illustrée par de nombreux auteurs,
etc. (Elle ne sort pas seulement de l'esprit tourmenté de quelques théologiens
linguistes.)
L'interrogation de M. Enthoven, et son
interprétation à côté de la plaque (et potentiellement malveillante) ne
viennent pas de nulle part.
Dans les autres langues on n'éprouve pas le
besoin de retraduire aussi souvent cette formule.
« ne nous induis pas en tentation », c'est
ainsi que l'on pourrait traduire la formule utilisée en anglais, en allemand,
en néerlandais, etc.
Est-ce à dire que la traduction latine de Saint
Jérôme, patron des traducteurs, était fautive et hétérodoxe ?
Les francophones seraient-ils les seuls, en
2017, à bénéficier d'une traduction fidèle et satisfaisante ?