jeudi 24 octobre 2024

Les cathédrales sont des maisons du peuple

La tarification de l'accès à Notre-Dame de Paris fait parler, à raison. Vouloir réserver la gratuité aux seuls offices religieux revient presque à réduire les messes à des actes machinaux, à des manifestations extérieures de piété sociale, à des « services religieux » en somme. La messe doit pouvoir être dite sur des autels latéraux, à l'improviste, par un abbé de passage, pour répondre à un imprévu.

Réserver la gratuité aux seuls « fidèles qui viennent prier » n'est pas moins difficile à mettre en place. D'abord, qu'est-ce qu'une prière ? Se laisser émerveiller par l'art religieux, c'est déjà prier, c'est déjà approcher Dieu.

On oublie dans tout ça que les églises sont des instruments d'évangélisation. Les muséifier, c'est les détourner de leur usage primitif, les dénaturer. C'est un pas vers la désacralisation.



dimanche 29 septembre 2024

Le pape se fait chapitrer par des clercs universitaires

Le pape François est venu en Belgique à l’invitation de l’université de Louvain dédoublée qui fête bientôt son six-centième anniversaire. Il s’est fait chapitrer par les clercs universitaires louvanistes et néolouvanistes vendredi et samedi. Ceux-ci lui ont reproché entre autres le « manque d’inclusivité » de l’Église qui n'admet pas les femmes à la prêtrise ou à la dignité épiscopale, cardinalice, papale. Le pape a répondu en traitant d’idéologiques ces revendications, et en développant l'idée d'une mystique féminine supérieure au ministère masculin.

Une visite du pape en France n’aurait pas eu le même intérêt, la séparation nette, étanche entre l’Église et l’État ne permettant pas ce genre de démêlés publics.



samedi 17 avril 2021

Si Versailles reprenait du service...

En jetant un coup d’œil aux cérémonies qui accompagnent le trajet du prince consort vers sa dernière demeure, une idée me traverse l'esprit : quel dommage que les palais et châteaux français muséifiés ou usurpés par la République ne soient pas rendus à leur destination première. Si Versailles reprenait du service... Depuis la chute de la monarchie, l'industrie du luxe française (entre autres) est orpheline. Restaurons la monarchie pour redorer le blason de L.V.M.H., et donner à Bernard Arnault ses lettres patentes de fournisseur de la Cour.



mardi 13 avril 2021

Brimades bureaucratiques

Commentaire (légèrement amendé) laissé en dessous d'un article de M. Tandonnet aujourd'hui :

« brimades » : c'est le mot. Certaines mesures, injustifiées, paraissent presque vexatoires. En Belgique, les musées sont ouverts sur réservation. On comprend mal, vu l’importance de la culture en France (et peut-être particulièrement en ce moment), comment les salles peuvent rester complètement vides, désertées. Que les musées soient soumis au même régime que les restaurants, ça n’a pas de sens. Pareil pour les plages solitaires...

En Belgique, il n’y a jamais eu de restriction kilométrique pour les déplacements — seulement, depuis quelques mois, une interdiction de quitter le territoire national sauf motif impérieux, ou d’autres interdictions ponctuelles. Qu’en France, lors du premier confinement, le périmètre autorisé fût le même pour un habitant de Paris et le gardien d’un refuge de haute montagne, là encore, c’est absurde.


dimanche 13 décembre 2020

Les voies de Saint-Jacques


Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle est un pensum érotique torché par Étienne Liebig dans lequel le narrateur décrit par le menu ses prétendues escapades sexuelles sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Mais l'ouvrage ne se limite pas à la description d'ébats et de débats préliminaires. L'auteur a des velléités de sociologue et il nous livre quelques commentaires pontifiants sur le catholicisme dont il prétend avoir pénétré les mystères. On a aussi droit à des portraits (voire des fresques) psycho-sociologiques d'une grande finesse, brossés à grands traits rageurs. Parfois, la caricature confine à l'absurde, comme ici, à la fin d'une caractérisation très subtile de l'espèce « catholique traditionaliste » (aussi appelée, avec une grande profondeur de vue, « catho facho ») :

Elles sentent la condamnation sans appel des pauvres, des exclus, des immigrés, des avortées.

On peut hypothétiquement concevoir que des catholiques mal inspirées et mal catéchisées en viennent à confondre l'acte peccamineux avec les personnes qui l'ont commis, mais alors il aurait fallu écrire « des avorteurs » ou « des avorteuses ». Or, comment des catholiques anti-avortement pourraient-elles condamner des embryons ou des fœtus avortés (qui plus est, de sexe féminin) ?

Mais le plus fort, dans tout ça, c'est que ce livre pourrait très bien servir à l'édification religieuse des lecteurs. Après cet égrenage fastidieux d'ébats de plus en plus fatigués, je n'étais pas mécontent que le narrateur se fasse un peu sermonner par une religieuse. Celle-ci avait surpris les mots de la dernière victime d'Étienne, dans la cuisine.

S'engage un petit échange de vues :

    Pourquoi résister, pour qui ?

    Mais pour donner une valeur aux relations humaines ! L'amour, vous connaissez ce mot ? L'amour qui transcende la sexualité et donne toute sa valeur à l'acte

    L'amour, cet infini à la portée des caniches…

    Je connais la formule, Étienne. Vous vous prenez pour un loup, c'est ça ? Il vous faut de la viande fraîche tous les jours ?

Mais, quand après qu'Étienne a encore énoncé quelques clichés éculés, la nonne se tait et, d'une seule main, passe aux actes, j'ai été passablement surpris. Épuisé, le narrateur s'avère impuissant à répondre à ses sollicitations et la religieuse ironise : « Alors, c'est ça, votre Tout-Puissant ? Déployez-le, Étienne, faites-le sortir des nuages, déclenchez la foudre et le tonnerre ! » Piteusement, il finit par lâcher : « Si vous me laissez du temps, je suis sûr que… — Du temps, nous en avons, nous autres catholiques, parce que notre Amour est éternel ! Mais pas vous, Étienne. (…) Je veux que vous partiez. Maintenant. »

Plus tard, le narrateur se désole de n'avoir pas su se montrer à la hauteur face à la religieuse (qu'il convoitait pourtant de préférence à celle qu'il a finalement choisie), « ne serait-ce que pour lui montrer qu'elle avait tort ». L'orgueil, nous y voilà, ce péché capital, bien pire, nous dit l'Église, que les péchés de chair.